Le moulin de Lamadeleine (Grondmillen)
L’endroit à ne pas manquer du côté de la commune de Pétange, à proximité des frontières belge et française, c’est le joli moulin à eau de Lamadelaine, un des derniers moulins historiques au Grand-Duché.
Restauré avec minutie et savoir-faire par le Service des Sites et Monuments du gouvernement luxembourgeois à la fin du XXe siècle, facilement accessible en empruntant la rue du moulin, bordé des charmants étangs de pêche, niché dans une nature verdoyante et, excusez du peu, installé au pied du Titelberg – l’oppidum principal du peuple des Trévires – , le moulin de Lamadelaine offre une échappée au charme fou.
Témoin vibrant du patrimoine industriel sud du Luxembourg, le moulin, qui est inscrit à l’inventaire supplémentaire des immeubles classés monument national, se présente à ses visiteurs comme une maison de campagne au charme désuet. Recouverte de lierre, c’est par elle qu’on accède au moulin et c’est là que vécut Jean Franck, Millejängi en luxembourgeois, le dernier meunier ayant exploité le moulin. Millejängi dont la légende dit qu’il était célibataire et vivait avec un coq apprivoisé et une vache laitière, vivait une vie simple, une vie essentiellement consacrée au moulin et à la production de farine. Selon Guy Kummer, le responsable touristique de Pétange, les anciens de Lamadelaine se souviennent encore du meunier : « Dans le temps, on disait aux enfants : si tu n’es pas sages, tu vas aller chez le Millejängi ! » Effet garanti à en croire les photos jaunies qui ornent les murs de la maisonnette : on y découvre un homme âgé au dos courbé et aux traits énigmatiques…

Découvrir le lieu de vie de Millejängi, c’est l’assurance d’un voyage dans le temps. Un temps marqué par le dur labeur manuel, la solitude et par une connexion étroite avec la nature et les éléments. Le dernier maître des lieux naquit en 1883 au moulin et, à la mort de son père lui-même meunier, partit à l’étranger afin d’apprendre le métier. Il revint quelques années plus tard plus se consacrer, un peu ermite, entièrement à son moulin. De pièce en pièce, nous découvrons ce à quoi ressemblait son lieu de vie, plutôt spartiate il faut le dire: petite entrée carrelée avec poêle à feu (et du coup chambre à coucher de Millejängi), cuisine fonctionnelle et surtout, à l’étage, les meules restaurées devant lesquelles on reste admiratif et bouche bée tant la mécanique et l’ingénierie impressionnent. On ressort du moulin pour admirer la grande roue, flâner dans le jardin ou s’attarder autour de l’étang. La vue sur le Titelberg invite à une randonnée-découverte des vestiges celtiques, parfaitement compatible avec la visite du Moulin.
Un moulin au fil des siècles
L’histoire du moulin est riche en rebondissements. Mentionné pour la première fois en 1442, à l’origine moulin à l’huile comme en témoigne un document cadastral datant de 1770, il fut transformé en moulin à farine actionné par l’eau de la rivière Echelsbach au début du XIXème siècle.

Jusqu’à la Guerre de Trente Ans le moulin a été successivement en la possession de Johann Franz de Gondersdorf et de Hans Dietrich de Lontzen. Ces familles n’exploitaient pas elles-mêmes le moulin, elles en avaient cédé les droits à un fermier moyennant une rémunération annuelle. Détruit par l’armée polonaise en 1635, le moulin se fait confisquer sa précieuse meule, récupérée par les sœurs de l’abbaye de Differdange qui s’en serviront pour remettre en état leur propre moulin détruit pendant la guerre. En 1684, Philipp Ernst de Reiffenberg rachète le village de Lamadeleine à son frère et afferme le moulin à Nicolas Aspelt qui est obligé de le reconstruire à ses frais. En 1770, Peter Philipp Joseph de Reiffenberg l’afferme à Peter Franck qui est autorisé à utiliser l’eau de l’étang pour faire tourner la meule du moulin.
Pendant la Révolution française les biens des seigneurs sont confisqués, ce qui permet à la famille Franck, les fermiers de jadis, d’acquérir le moulin. Il restera en la possession de la famille Franck jusqu’au 18 novembre 1954, date à laquelle le meunier Jean Franck (Millejängi) vend le moulin à la mairie de Pétange, tout en gardant à vie le droit de jouissance. En 1987, le moulin, mis aux enchères par la mairie, est acquis par un propriétaire privé, qui procède à sa rénovation. Si bien que le 4 octobre 1991, le moulin se remet à moudre du blé.
Aujourd’hui, le moulin de Lamadelaine est exploité par la commune de Pétange qui y organise des évènements à caractère culturel, éducatif et touristique, notamment pour les besoins de l’Ecole de la Nature de Lasauvage.